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Ses premiers pas dans le cirque, il les fait comme monteur de chapiteaux. Quelques années. Puis il s’en éloigne pour un autre métier d’artisanat, tout en suivant des cours du soir dans l’une des toutes premières écoles de cirque en France. Une première troupe qui ne marche pas, il devient forain. C’est avec un second collectif que ça décolle et que ça ne s’arrête plus. Il monte un numéro qu’il jouera pendant près de trente ans. Des petites troupes du nouveau cirque des années 1980 aux grandes maisons de cirque traditionnel, et puis les cabarets, des plus petits aux plus gigantesques, en Allemagne notamment. Le cabaret c’est le luxe comparé aux tournées de ville d’un jour, deux spectacles par jour, la route, le montage et tout le reste. Où qu’il soit, dit-il, il est resté un “artisan”. 

Le corps, ses douleurs, il ne sait pas si c’est le cirque ou son enfance, il a travaillé tôt, “on n'est pas fatigué, dit-il,  mais on est un peu cassé quand même”. Une sorte de résignation, il fallait travailler alors il a pris beaucoup d’anti-inflammatoires, mais il a toujours continué. Jusqu’à plus de soixante ans. Pas vraiment de retraite faute d’un réel statut toutes ces années. Mais il ne s’en plaint pas. Au final, ça va, mais des douleurs anciennes, des blessures mal soignées subsistent. Il a déjà joué avec le dos bloqué ou un torticolis mais n’a jamais rien dit. Un peu d’usure, forcément, mais ça va comme ça, rien de grave. Il a fallu parfois gérer un drôle de rythme, l’école des enfants, les spectacles le soir, la gestion quotidienne. “Ça fait bien longtemps que je ne m’entraîne plus”, dit-il, avec deux spectacles par jour pendant trente ans, le corps connaît par coeur les chemins. Rien n’est vraiment formalisé, d’ailleurs, ni une hygiène de vie, ni des soins, ni un rythme de travail, ni une manière de s'entraîner. Il l’explique d’ailleurs, très bien, “Je savais que je n’avais pas fait d'école de cirque, j’ai fait un numéro de cirque et ça a marché.” Il semble parfois lui-même étonné que ça ait marché. Il ne s’est pas posé beaucoup de questions, a toujours accepté les conditions dans lesquelles il travaillait, même sans contrat, sinon il est parti. Il n’a jamais eu peur pour son corps, n’a jamais vraiment appris à l’entretenir. Mais on apprend avec les autres, sur le tas, “est en regardant d'autres gens en parlant avec d'autres gens”, raconte-t-il des manières de s’échauffer, de s’entraîner, “cela m’a  fait du bien” dit-il, avant de conclure que “tous les vieux acrobates sont cassés …”. 

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