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Elle se dit entre deux générations, celle du nouveau cirque et celle du cirque contemporain. Elle a mal un peu partout. Un peu partout et un peu tout le temps.  “Je crois qu'il y a pas un seul moment où j'ai pas été un petit peu blessée”, dit-elle. Être un peu autodidacte. Du jonglage et du sport de haut niveau. Ce qui l’amène vers la bascule. Deux écoles pré professionnelles et pas mal de choses toute seule pour apprendre avec les autres. Elle cherche constamment comment s’entraîner, comment être avec d’autres pour se motiver. Elle se sent d’un côté très clairement athlète et s’entraîne, fait sa préparation physique  comme depuis des années. D’un autre elle se sent artiste et être artiste c’est ne pas s'embarrasser avec tout ça.  Elle le sait, parfois, c’est lâcher le contrôle pour être dans la création. Il faut forcément avancer dans la création, dit-elle, passer des caps dans la douleur et la fatigue, lâcher-prise, au risque de…  La création exige cela. 

Elle a pris tôt conscience d’une fragilité à la cheville et pourtant… Plusieurs blessures, plusieurs arrêts. Chaque fois il a fallu se remettre, huit ou neuf mois et autant de temps pour récupérer la confiance en soi. Un petit côté se mettre en danger, “maso”, dit-elle qu’il faut appréhender, même si, reconnaît-elle, “je suis plus douce avec moi-même qu’avant”. Prendre soin de l’autre. Pourtant, ce n’est pas toujours si simple de parler, le rapport au groupe a aussi ses problématiques, il y existe des rapports de pouvoir, se mettre en danger, physiquement, artistiquement? Une fracture a obligé le groupe a annuler un spectacle, elle évoque une pression terrible et en ressent encore la culpabilité. “Est-ce qu’on peut accepter qu’il y a des blessures?” s’interroge-t-elle. Il faudrait faire baisser la pression, collectivement. À 49 ans, on ne pense plus pareil. Elle dit faire plus attention, maintenant. Elle prend du temps aussi.  Elle a vu une énergéticienne, voit le même ostéo depuis dix-sept ans. “J’aime les médecines parallèles”, c’est là qu’elle puise une solidité depuis quelques années.  Même si la vie nomade n’aide pas toujours : accéder à des soins en tournée et de trouver des gens de confiance. Elle a ses rituels, s’écoute, écoute son corps, fait “super gaffe”. Avancer en âge c’est apprendre à mieux gérer mais c’est aussi se sentir un peu plus seule, avec des artistes plus jeunes. Devoir venir plus tôt, récupérer après les spectacles, prendre plus de temps. 

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