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Un manifeste pour la santé en danse

Rendre visible

Le quotidien du travail artistique

Dans le secteur artistique, on remarque assez vite un phénomène étrange d’invisibilisation du travail.  On ne travaille pas, c’est bien connu!

Notamment en dehors des temps identifiés de création et de diffusion le travail des artistes et, nous concernant, des danseur.euse.s est invisible. Temps de récupération, temps de préparation, temps de transition. Rien.

Alors, il faut rendre visible l’invisible, ce quotidien si banal.

 

Créer des espaces pour rendre visible le travail artistique au quotidien des danseur.euse.s, c’est rendre visible là où se jouent les enjeux de santé. L’espace pour prendre soin de soi, l’espace pour être blessé.e, l’espace pour se reposer, l’espace pour penser à autre chose, l’espace pour exercer son métier dans de bonnes conditions. C’est rendre visible ce quotidien fait de danse mais aussi de travail à la table, d’heures passées dans les transports, devant l’ordinateur, à rencontrer les gens, à courir les auditions (parce que c’est le jeu), courir les financeurs (parce qu’on n’a pas le choix).

Rendre visible la difficile articulation entre vie privée et vie d’artiste. Dire la blessure, ses raisons, ses enjeux, ses conséquences. Raconter la solitude, souvent, mais aussi les échanges précieux avec les autres danseurs.euse.s. Et se dire qu’il n’y a décidément pas assez d’espace et de temps pour l’organiser collectivement.

 

Il y à faire.

 

Contre la violence intrinsèque du secteur, contre les idées reçues sur le métier (la passion, toujours la fameuse passion au nom de laquelle on excuse tout). Contre un modèle productiviste, revendiquer la virtuosité du danseur et son travail au quotidien comme une forme d’improductivité. Il faut imposer, comme préalable à toute négociation, les revendications des danseur.euse.s comme travailleur.euse.s et que celles-ci soient pensées et imposées par les danseur.euse.s et non par les institutions.

 

"Il ne s’agit pas forcément d’un geste d’insoumission (contre tout asservissement ou affirmant son hors normalité, mais bien d’un geste d’indiscipline, à son corps défendant. Franchir la ligne suppose donc d’être indiscipliné. Lieu du possible désordre des corps et des corporéités, une chance (ou sa mise en échec) d’aller toujours plus loin, une mise en scène du plaisir et du désir, dans une sensibilité que Jean-luc Nancy dit panique.”(1)

(1)A. Dumont, “Pour une exploration du geste virtuose”, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, 2011,pp. 440-441.

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