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Un manifeste pour la santé en danse

Prendre le temps

Organisation du travail et réflexions sur l’entraînement

Les perceptions de l’entraînement sont aussi diverses que multiples. Sans doute car cette question est profondément individuelle, même si elle répond à un certain nombre de principes importants. Envisager l'entraînement comme un temps qui appartient aux danseur·euse·s et raconte leur rapport au corps, à la danse, c’est envisager leur autonomie. Si l’ERD (entraînement régulier du danseur) collectif a des vertus, il ne peut être la seule modalité de travail au quotidien. Ainsi, l’accès à des connaissances autour de l’entraînement est fondamental pour permettre sa pleine incorporation. Comment, dès lors, se réapproprier ce temps et ses multiples facettes?

 

Aux danseurs, aux danseuses, d’instaurer de bonnes pratiques. De revendiquer ce temps comme nécessaire et incompressible et de n’y faire aucun compromis. Pour soi, face aux autres. Il convient aussi de garder à l’esprit que la notion d’entraînement est polysémique et ne pas céder à une idéologie unique de l’entraînement (le cours technique, par exemple). Être danseur, incorporer ce métier (les anglo-saxons parlent d'embodiement ), c’est aussi déplacer ses pratiques, maintenir un état d’alerte créatif, développer sa conscience corporelle et parfois, oui, faire autre chose que de la danse! On ignore trop souvent les phénomènes de surentraînement, la fatigue physique et cognitive liée à la répétition, jour après jour, du même schéma. L’entraînement c’est aussi s’adapter: à ses contextes, à son état, à l’espace et au temps disponible et être capable de le réinventer tous les jours.

 

C’est peut-être, un jour, rêver que le milieu de la danse regarde du côté du sport, s’empare par exemple de la périodisation de l’entraînement qui consiste à varier les niveaux d’intensité et à diminuer l’activité avant une échéance… Autant dire un modèle si loin de nos pratiques en danse. Tout n’est pas bon à prendre dans le sport, mais faire un pas de côté et voir comment certains outils pourraient être bénéfiques est salutaire. Imaginons….

  • Que l’on s’entraîne en visualisant. Après tout, les skieurs qui pratiquent la descente le font bien!

  • Que l’on redessine le modèle du cours de danse pour sortir du cours technique comme norme de l’entraînement;

  • Que l’on arrête d’appuyer sur le dos des jeunes danseur·euse·s pour les rendre plus souples pour que l’on arrête de voir des danseur·euse·s faire le grand écart, alors que le corps n’est pas chaud, avant un cours;

  • Que l’on n’associe plus endurance, muscle, force, à des planètes extérieures à la galaxie des danseur·euse·s et qu’on les pense créativement;

  • Que l’on accorde plus d’importance à l’échauffement et la récupération en les pensant “en dansant”, pour arrêter de s’étonner d’être si fatigué·e.

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