Une vocation précoce, en école amateur et très tôt des petites tournées dans les fêtes de village. À neuf ans, il est déjà plongé dans l’éducation populaire et le cirque. Il pratique le jonglage, il revendique cet endroit de l’école amateur. Là où il s’est formé, a découvert le clown, le jeu d’acteur, l’acrobatie, il a monté ses premiers numéros, il est un peu autodidacte et explore beaucoup de choses, un peu partout. Il va du côté du parkour, assez jeune, il continue, même si ce n’est plus son cœur de métier, préférant le travail en vertical. Sa pratique s’invente de manière informelle, par des rencontres, des échanges entre amis ou quelques formations courtes. Il s’entraîne à sa manière, seul ou avec d’autres.
Lorsqu’il parle de sa pratique, il évoque “le défi et l'engagement physique que ça représente”, alors, pour tenir, il fait du sport tous les jours. Il est régulier dans sa pratique, parle de routine, d’endurance de fond. Il semble avoir une conscience assez aiguë du corps ce qui le conduit à faire attention au quotidien, essayer des régimes alimentaires, s’équilibrer, prendre soin. Comment appréhender les risques de sa discipline? Il parle d’une sorte de “veille” dans sa préparation physique et mentale, savoir où il en est, exactement. Il s’est approprié beaucoup de choses, pioche avec conscience dans sa “boîte à outils”. Bien sûr, cela n’a pas toujours été parfait. Porter des projets, trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale, "il y a des périodes où on met de côté le corps [...] Six mois trois mois après, on est en chute libre complète.”
Travailler en vertical est très violent pour le corps, dit-il, mais il a fait le choix de se libérer de la contrainte, des contraintes extérieures. Il parle de protocoles de protection, de son hygiène de vie, mais il ne se force pas, cela fait partie de ce qu’il est. Quarante-deux ans tout de même et des douleurs qui pointent régulièrement. Il sait qu’il doit être vigilant. Il travaille avec une ceinture lombaire, un peu trop souvent maintenant et apprend à dire non. ll y a cinq ans, son corps lui a envoyé plusieurs alertes, cela sera une fracture, des annulations, un mois d’arrêt total. Trop de pression. Trop de travail. Aujourd’hui il essaye de se protéger davantage, il délègue, il s'adapte. Il sait maintenant qu’il ne jouera plus blessé, il sait répondre aux programmateurs et programmatrices qui ne l’entendent pas. “Ils ne comprennent pas ils te poussent en plus à jouer. Il y a beaucoup de sous qui sont mis en place sur ce sur ces spectacles-là.” Se sentir responsable de jouer, coûte que coûte? Il n’est pas tendre sur le secteur, et pour cause. Alors maintenant, il tient son objectif : avoir un corps “durable”, "j'ai plein de béquilles”, dit-il, c’est pour cela qu’il faut construire un écosystème viable pour que ce corps tienne longtemps. Un écosystème bienveillant, ça change tout.