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C’est parce qu’elle a fait un burn out qu’elle est allée vers le cirque. Que faire avec un bagage de sportive de haut niveau ?  Que faire quand on a fait sport-études mais que d’un coup, on ne supporte plus les entraînements et la compétition ? Elle s'arrête. Du jour au lendemain. Le cirque comme terre d’accueil. Un parcours classique en école supérieure, sans faute. On met du temps à se remettre d’un burn out et le corps reste fragile. Une fracture du pied lorsqu’elle est à l’école en témoigne. Une fracture de fatigue, peut-être. Une première, puis une autre, une fragilité qui est bien là. Et des difficultés pour être accompagnée. Sentir qu’une élève blessée “c’est une perte de temps pour le prof” raconte-t-elle. Des appréhensions pour reprendre. C’est une autre professeure qui l’aidera à reprendre confiance. Elle aime parler des autres comme soutien, elle est à leur écoute comme elle est à l’écoute de son corps. C’est compliqué de parler de ses fragilités, des alertes, elle a l’impression qu’elle a de la chance, qu’elle travaille plutôt dans de bonnes conditions. Parfois, le métier la questionne mais elle a des ressources, elle sait travailler avec la fatigue. Mais elle se rend compte qu’en laissant derrière elle le sport de haut niveau, ses exigences et ses normes, ce sont d’autres normes qu’elle a rencontrées dans le cirque contemporain.

Elle a besoin de calme. Pas toujours facile avec ce métier-là. Comment concilier le besoin de se dépenser mais sans se faire du mal?  Aujourd'hui elle parle de bien-être, avant elle voyait son entraînement quotidien comme une contrainte. Avant, elle n’hésitait pas à se mettre en danger pour se sentir légitime comme artiste de cirque, aujourd’hui elle ne le fait plus. Non qu’elle se soit blessée, ce ne lui est plus jamais arrivé depuis qu’elle travaille professionnellement. C’est le mental. Et puis elle se souvient que si. Ce qui a précipité son départ d’une compagnie c’est un accident, une blessure sans appel, une prise de conscience que quelque chose n’allait vraiment pas. 

Elle insiste beaucoup là-dessus, la prévention, toujours, “ce que mon corps veut”, “ce que mon corps me dit”. Elle a découvert qu’en prenant soin des autres, on prenait soin de soi. Ça permet de ne pas s’oublier. Elle veut développer ça, le soin, dans sa carrière,  pour mieux appréhender les changements présents et futurs dans son corps. Elle a trente ans et veut faire la paix avec l’enjeu “du training pour le training”. Elle ira peut-être vers autre chose, un jour. Elle a  repris une formation, lit beaucoup, s’informe, se forme, ça l’emmène un peu ailleurs même si elle se sent encore pleinement artiste de cirque. 

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